Photo : Thomas Coex/AFP
Carlos Alcaraz n’est désormais plus un adolescent.
Il a eu 20 ans, le 5 mai, alors qu’il disputait la demi-finale du tournoi sur terre battue de Madrid, la capitale de son pays. Comme vous pouvez le constater sur la photo qui coiffe ce texte, l’organisation madrilène a souligné l’événement comme il se devait, quelques minutes après que le favori local ait expédié le Croate Borna Coric aux douches en 100 minutes top chrono (6-4 et 6-3).
Dans une finale surprenante et relevée, il a ensuite conclu aux dépens de l’Allemand Jan-Lennard Struff, repêché des qualifications, en trois manches de 6-4, 3-6 et 6-3.
En 2023, Alcaraz a remporté 29 de ses 31 matchs et quatre des cinq finales auxquelles il a pris part.
20 ans et déjà, son palmarès est un des plus extraordinaires dans l’histoire de son sport.
À cette étape.
Il a déjà participé à 13 finales depuis le début de cette jeune carrière et a remporté 10 titres ATP, dont un majeur en 2022, à New York.
Lire aussi : Sabalenka détrône Swiatek à Madrid
Et, autre marque de ce début de carrière explosif, le surdoué de Murcie vient de prendre la tête d’un classement plus qu’impressionnant. Lors de ses 150 premiers matchs à l’ATP, il a enregistré 117 victoires. Tout ça, comme adolescent.
Plus que Nadal ! Plus que McEnroe ! Plus que bien d’autres…
150 premiers matchs ATP (après 1968)
Victoires | |
Alcaraz | 117 |
McEnroe | 113 |
Nadal | 112 |
Wilander | 111 |
Agassi | 110 |
Becker | 109 |
Connors | 108 |
Carlsson | 108 |
Dans le total de titres ATP, j’ai omis celui du tournoi de la « Next Gen », enlevé à Milan en 2021 aux dépens de Sebastian Korda. Ce tournoi, réservé aux joueurs les plus prometteurs de 21 ans et moins de l’ATP, ne compte pas officiellement dans les statistiques du circuit.
Lire aussi : Pause mentale pour Anisimova
Toutefois, déjà auréolé du statut de « prochaine grande vedette », Alcaraz en était à sa première — et unique — participation contre les autres espoirs du tennis masculin. Et il avait traversé la compétition en remportant 15 de ses 16 manches pour écarter tous les doutes quant à ce formidable potentiel. Déjà, à 18 ans, il affichait cette puissance, cette rapidité, cette défensive hors norme et cette maestria qui sont déjà sa marque de commerce.
Cet exemple suffira à vous le rappeler.
Mine de rien, Alcaraz vient de réussir le doublé Barcelone-Madrid deux années de suite. Un exploit que même le Grand Rafael Nadal n’a pu réaliser. Oui, Nadal l’a bien gagné deux fois, mais pas consécutivement (2013 et 2017).
Vous imaginez l’impact que ça peut avoir pour ses compatriotes.
Oui, les amateurs espagnols sont choyés.
Non seulement peuvent-ils toujours compter sur une dizaine de leurs compatriotes dans le Top 100 de l’ATP bon an mal an, mais au moment où leur idole des 20 dernières années s’approche de la retraite, il y a déjà un remplaçant bien en selle.
Cette victoire le laisse à cinq petits points du premier rang mondial. Novak Djokovic est loin d’en avoir fini avec la lutte pour la suprématie du tennis planétaire. Mais de plus en plus, le trône de l’ATP, risque de virer petit à petit aux couleurs jaune et rouge du drapeau espagnol.
Ce sera alors le glaçage officiel sur un gâteau déjà impressionnant.
La polyvalence des Canadiens
Au cours de la dernière décennie, les seules attentes du Canada en double passaient par les Gabriela Dabrowski, Vasek Pospisil et, bien sûr, Daniel Nestor avant que ce dernier n’officialise sa retraite (2018).
Petit à petit, d’autres noms viennent s’ajouter à l’ensemble. Et, lorsqu’on voit aller les Fernandez, Shapovalov et Auger-Aliassime, on constate qu’il s’agit d’athlètes qui en sont encore au début d’une solide carrière en simple. Mais ils réalisent d’intéressantes performances en double également.
Il fallait regarder les tableaux féminin et masculin au récent tournoi de Madrid pour en avoir la confirmation.
En quarts de finale, Leylah Annie Fernandez faisait équipe avec l’Américaine Taylor Townsend tandis que Dabrowski poursuivait ses succès en compagnie de la Brésilienne Luisa Stefani. Si Gaby et Luisa sont tombées devant les Américaines Coco Gauff et Jessica Pegula, une des meilleures paires du monde, Leylah et Taylor ont accédé à la demi-finale avant d’être éliminées en trois manches par le duo formé de la Biélorusse Victoria Azarenka et de la Brésilienne Beatriz Haddad Maia.
Le tandem, baptisé #TAYLAH sur les réseaux sociaux, fonctionne bien. D’ailleurs, les deux joueuses ont atteint la finale du récent tournoi de Miami, ne s’inclinant que devant la puissante équipe Gauff-Pegula.
Mine de rien, la Montréalaise pointe aujourd’hui au 36e rang du classement de double de la WTA, surpassant son classement en simple (50e). Ça, assurément, personne ne l’avait vue venir.
Vous trouverez dans cet article les détails des récents exploits de Leylah et de sa partenaire, ainsi que ceux d’une paire masculine que vous connaissez bien et dont l’identité passe par ce surnom : #SHAUGER.
Félix Auger-Aliassime et Denis Shapovalov ont uni leurs efforts pour la deuxième fois en deux mois et ont atteint le quart de finale avant d’être battus de justesse par le Salvadorien Marcelo Arevalo et le Néerlandais Jean-Julien Rojer.
Tout en tenant compte de leur mince activité sur la scène du double, il reste important pour la combinaison canadienne de disputer le plus de matchs possible.
Des deux copains, Shapo est celui qui a le meilleur classement en double. Son expérience multiple, notamment à côté d’un vétéran de la classe de Rohan Bophana, lui avait déjà permis de monter aussi haut que le 44e rang, en 2020. Il pointe maintenant à la 111e place.
Quant à Félix, il a engouffré 80 points lors de cette expérience à Madrid et se retrouve au 187e échelon.
On est loin de certaines combinaisons masculines, tels les Russes Andrey Rublev et Karen Khachanov, vainqueurs du double à Madrid. Respectivement 6e et 11e en simple, Rublev et Khachanov ont bondi vers les 58e et 66e échelons du classement du double, dans l’ordre.
Mais l’expérience acquise et les habitudes développées par de nombreux matchs en équipe deviendront on ne peut plus importantes lorsque viendra le moment de ces tournois collectifs – de plus en plus nombreux – comme les Coupes United, BJK, Davis, sans oublier les Jeux olympiques.
C’est d’ailleurs ce point que je soulevais, le 4 avril dernier, sur le site de l’Omnium Banque Nationale. La polyvalence de nos compatriotes pourrait bien se révéler payante à Paris, en 2024.
=======================================================
Courriel : privard@tenniscanada.com
Twitter : @paul6rivard
Pour suivre tous nos Canadiens à la trace, c’est ici.