Photo : Paul RIvard
Dans les parcs et dans les clubs, on voit des enfants être initiés au tennis à l’âge de 5, 6 ou 7 ans. On voit aussi des aînés s’y adonner alors qu’ils ont dépassé 70, 75 ou 80 ans. Et entre ces deux extrêmes, beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens.
Tous ne sont pas des passionnés (même s’il y en a beaucoup). Mais ces échanges se font dans le cadre de rencontre d’amis ou d’activité de couple. D’occupation pour enfants ou d’exercice hebdomadaire. Peu importe les raisons, l’éventail des participants est très large.
Quel que soit la fréquence, le rythme ou l’intensité, on peut y jouer toute notre vie.
D’où l’expression consacrée « le sport d’une vie ».
Je vous présente Émilien Vallée.
S’il n’est pas le joueur de tennis le plus âgé du Canada, il doit faire partie d’un groupe plutôt restreint de joueurs qui continuent de frapper la petite balle jaune à cet âge vénérable.
Car Émilien a 91 ans. Et il adore toujours se retrouver entre les lignes.
J’ai découvert l’existence de M. Vallée par hasard, sur Twitter, lorsque son fils Gaëtan a souligné son anniversaire de naissance, en juillet dernier.
J’ai communiqué avec lui pour savoir si je pouvais m’entretenir avec son père. En moins de temps qu’il en faut pour crier « LET ! », j’étais invité à me joindre à eux, le week-end suivant, à la résidence pour aînés qu’il habite sur la rive sud de Montréal.
Et en arrivant sur place, ce n’est pas seulement Émilien et son fils Gaëtan qui se trouvaient sur le terrain, mais également un autre fils, Denis ainsi que le fils de ce dernier, James, en prime. Sans oublier la matriarche, Gisèle Gervais-Vallée, qui faisait office d’entraîneuse pour ce match familial.
Émilien a découvert le tennis en 1941, alors qu’il était âgé de 11 ans. Et le hasard a fait qu’il y soit initié en même temps qu’un futur grand champion canadien. « La première fois que j’ai tenu une raquette, c’était dans une colonie de vacances, à Sherbrooke. Et dans cet endroit, il y avait un certain Robert Bédard. Ça a toujours été mon joueur préféré… mais aujourd’hui, c’est Roger Federer. »
Longtemps résidant de Granby, le couple Vallée hébergeait des athlètes participant au Challenger Banque Nationale de l’endroit. Ils n’oublieront certes jamais l’été 2015, lorsqu’ils ont accueilli la Britannique Johanna Konta. Sa victoire à Granby, rappelons-le, avait été le signal de départ d’un spectaculaire bond de 80 rangs au classement, pour Konta, qui était passé en trois mois du 126e au 46e échelon de la WTA.
Son amour du tennis, Émilien l’a transmis à ses enfants, même s’ils ont connu des parcours différents. Gaëtan s’y adonnait d’abord à 13 ans, par le biais de la balle au mur, alors que son frère Denis s’y est mis régulièrement à 35 ans. Quant au petit-fils, James, dès l’âge de quatre ans, il frappait ses premières balles.
La moitié d’une main…
Émilien a dû arrêter de jouer pendant plusieurs années. Menuisier-ébéniste à l’Hôpital Royal Victoria, de Montréal, il a eu un instant d’inattention et sa main a glissé sur la scie ronde. Il y a perdu deux doigts, l’annulaire et l’auriculaire.
Mais ça ne l’a pas empêché de recommencer, plusieurs années après. Il n’a pas choisi de réapprendre à jouer de la main gauche. Non… il a appris à jouer avec deux doigts en moins ! « Ça veut dire que je joue avec la moitié d’une main ! Et jusqu’à l’âge de 75 ans, aucun de mes enfants ne me battait ! » ajoute-t-il fièrement en me montrant sa prise de raquette de plus près.
Et il semble que Monsieur Vallée ne l’emportait pas seulement aux dépens de ses enfants. Ces derniers étaient fiers de souligner que leur père avait remporté une compétition appelée « National Seniors Games » à Fort Lauderdale, en Floride. « J’ai gagné dans les 70 ans et plus. Médaille d’or, médaille d’argent, médaille de bronze ! » Et ses enfants de préciser, en chœur : « Quand il a gagné chez les 70 ans et plus, il avait 80 ! »
Et il veut continuer quelques années. Jusqu’à 100 ans, peut-être ? « Mon oncle, Napoléon Vallée a été un temps le plus vieil homme au Québec. Il est mort à 106 ans » souligne Émilien avant de conclure, avec un clin d’œil, « Mais je ne veux pas me rendre là ! »
Après avoir échangé des balles avec son plus vieux, Émilien a décidé d’aller se reposer un peu et j’ai été invité à me joindre aux trois autres Vallée pour un match de double qui a été aussi agréable que compétitif. Car, lorsqu’il y a des points à l’enjeu, la motivation remonte d’un cran. Et comme je faisais équipe avec le jeune James, vous imaginez que ce dernier avait envie de donner une leçon à son père et son oncle, de l’autre côté du filet.
Pendant ce temps, Émilien et sa Gisèle se plaisaient à arbitrer et, surtout, admirer les deux autres générations s’amuser à échanger la balle avec le bonheur immense de parents qui voient leur descendance, active et joyeuse.
Ce qui n’a pas de prix !
Vivre plus longtemps grâce au tennis
L’expression « Le sport d’une vie » n’est pas nouvelle.
Dans votre moteur de recherche, vous associez le mot tennis à cette expression consacrée et vous trouverez des tas d’articles intéressants ou l’on énumère les avantages de pratiquer ce sport. Comme ici, dans le New York Tennis Magazine.
Selon des scientifiques, il n’y a aucun doute que le tennis est l’un des meilleurs choix pour vous, si vous recherchez une activité.
Lorsqu’on joue au tennis :
1- On diminue de moitié le risque de décès, peu importe la cause.
2- On gagne en vigueur, optimisme et estime de soi tout en diminuant les risques de dépression, colère, tension et anxiété, notamment.
3- Au niveau compétitif, on brûle plus de calories que les gens qui font de l’aérobie, du patin à roulettes ou du vélo.
Et, ce qui ne nuit pas, le tennis procure du plaisir tout en permettant de socialiser.
J’ajouterais — et ça ne se trouve pas dans l’article — que le tennis fait ressortir chez chaque adulte le plaisir tout simple de courir après une balle, comme lorsque nous étions enfants.
J’ai particulièrement apprécié cet article de Steven Salzberg, de la revue Forbes. Vous aussi, vous aimerez y découvrir qu’on peut allonger son espérance de vie de près de… DIX ans parce qu’on joue au tennis.
Ma rencontre avec Émilien Vallée et sa famille m’a réchauffé le cœur (et les muscles !!!)
Parce que je venais d’y voir, sur un court, toutes ces bonnes et belles raisons de pratiquer le tennis. Et tout le bien que ça peut apporter.
Aux autres… à soi.