Il y avait un air de résignation lorsqu’Eugenie Bouchard a rencontré les médias moins d’une heure après sa défaite de 6-4 et 6-4 aux mains de la Française Kristina Mladenovic lors du premier tour de Roland-Garros, mardi.
Elle semble complètement perdue en ce moment et cela n’a pas dû être facile d’affronter la horde de journalistes qui n’avaient tous qu’une question en tête – qu’est-ce qui ne va pas? Elle a toutefois été très honnête en exprimant qu’elle était tout aussi perplexe que le reste de la planète.
« Je ne sais vraiment pas quoi dire », ont été ses premières paroles et cela n’a assurément pas aidé à découvrir ce qui a mené à sa séquence de défaites depuis son revers de 6-7 (5), 7-5 et 6-4 aux mains de la qualifiée Lesia Tsurenko au troisième tour d’Indian Wells, en mars – huit défaites en neuf sorties.
Elle n’a évidemment pas vu ça venir. « Je croyais que ce serait comme l’an dernier, ou même mieux », disait-elle à propos de ses attentes après avoir atteint deux carrés d’as en Grands Chelems (Internationaux d’Australie et Roland-Garros) ainsi qu’une finale (Wimbledon) et s’être hissée au cinquième rang mondial en octobre 2014. « J’apprends beaucoup ces temps-ci, surtout la patience, car je sais que je peux vivre des périodes difficiles. »
Mardi, sur le Court Suzanne Lenglen, deux points traduisent bien ce que vit Bouchard en ce moment. Face à une balle de bris à 3-3 de la première manche, elle s’est écroulée (faute directe) en frappant un coup droit dans le filet. Puis, après avoir effacé trois balles de manche consécutives alors que Mladenovic servait à 5-4, 40-0, la Française de 22 ans a ressenti de la nervosité et a permis à Bouchard de revenir dans la partie. Le momentum était incontestablement contre Mladenovic, mais Bouchard a envoyé une autre balle facile dans le filet, puis a raté un autre coup droit pour permettre à Mladenovic d’empocher la manche en 46 minutes.
Ces deux erreurs au coup droit commises à des moments critiques illustrent bien la présente situation de Bouchard. Je mettrais ma main au feu qu’elle n’aurait jamais manqué cela il y a un an.
Il va sans dire qu’à titre de journaliste canadien, on me demande constamment ce qui ne va pas avec Bouchard. Des gens mieux équipés que moi tentent de répondre à cette question. Personnellement, je crois que la source de ses problèmes est le fait que les synapses de son cerveau s’enrayent, mais allez savoir pourquoi. Au quatrième jeu de la deuxième manche, elle a cogné un coup droit à des milles de la ligne de fond pour aucune raison apparente. Qui sait ce qui se passe dans son cerveau, mais il semble y avoir un court-circuit dans le système électrique de son jeu.
« Je pense que je joue mon meilleur tennis lorsque j’écoute mon instinct », mentionnait-elle. « Je crois de je devrais revenir à cela, me faire confiance, parce que je sais que je peux bien jouer. »
Chose certaine, il y a moins de mordant dans son service et dans ses coups de fond. Une 44e mondiale ne devrait pas produire plus de coups gagnants qu’elle. Elle ne devrait pas non plus gagner seulement 51 pour cent de ses premières balles de service comparativement aux 77 pour cent de son adversaire.
Elle manquait aussi de vigilance et d’acuité. Mladenovic lui a fait 15 amortis et a gagné le point grâce à huit d’entre eux. Habituellement, les joueuses sont capables de lire ce coup à mesure que le match progresse, mais cela n’a pas été le cas de Bouchard.
Plusieurs journalistes étrangers, quelques-uns ayant vu Eugenie à Madrid et à Rome, m’ont confié qu’ils la trouvaient amaigrie et moins musclée que lorsqu’elle était à son mieux.
Et cette séquence de défaites ne s’est pas produite aux mains de redoutables adversaires – à l’exception de Carla Suarez Navarro (10e), contre qui elle avait eu une balle de match avant de commettre une double faute, à Rome. Il y a bien eu Barbora Strycova (23e) à Madrid et Mladenovic (44e), mais les cinq autres étaient classées 66e et plus, dont deux en dehors du Top 100 – la Roumaine Andreea Mitu et l’Allemande Tatjana Maria.
Histoire de comparer, il faut se rappeler la Tchèque Nicole Vaidisova. À 17 ans, elle a atteint la demi-finale de Roland-Garros, en 2006, et est passée à deux points de battre Svetlana Kuznetsova pour une place en finale contre l’éventuelle championne Justine Henin. En mai 2007, elle se hissait au 7e rang mondial.
Trois ans plus tard, elle ne jouait plus au tennis – victime de son incapacité à gérer sa nervosité sur le terrain. Aujourd’hui, à 26 ans, elle tente d’effectuer un retour et occupe le 288e rang mondial.
Vaidisova est un cas extrême qui s’est étendu sur une longue période. Bouchard ne connait une disette que depuis quelques mois, pas quelques années. Plus important encore, Vaidisova jouait sans penser et ne ressemblait en rien à la Montréalaise en ce qui concerne de force mentale. Elle ne se fiait qu’à sa puissance physique et son exubérance de jeunesse, mais avait les jambes coupées quand venait le temps de faire face à l’adversité.
Plus récemment, l’Américaine Sloane Stephens a participé à la demi-finale des Internationaux d’Australie de 2013 et s’est hissée au 11e rang un peu plus tard dans l’année. Depuis, elle a dégringolé en raison de blessures et de son indifférence. En mars 2015, elle occupait le 45e rang et semble maintenant progresser, car elle est actuellement 40e sous les bons soins de Nick Saviano, ancien entraîneur de Bouchard.
Pour revenir à Bouchard, on pourrait se demander si elle a commis une erreur en disputant la Fed Cup en avril, à Montréal, après avoir subi des défaites humiliantes de 6-0 et 7-6(4) face à Maria (113e), à Miami, et de 6-3 et 6-1 contre Lauren Davis (66e), à Charleston. C’est comme si elle avait cru qu’elle pourrait, en l’absence de Simona Halep, affronter la Roumanie et se sortir de cette descente. Au lieu de cela, elle a perdu deux matchs à la maison contre Alexandra Dulgheru (69e) et Mitu (104e). Une période de repos suivie d’une période d’entraînement avant la saison européenne sur terre battue aurait probablement été plus bénéfique.
Après sa défaite de mardi, on lui a demandé comment elle s’était sentie à 3-3 de la première manche. « Je savais que j’étais loin de mon calibre de jeu », a-t-elle répondu. « Je m’accrochais, mais je sentais que je n’étais pas capable de relaxer sur le terrain. »
Bouchard est encore à Roland-Garros pour disputer le double mixte avec Max Mirnyi. Néanmoins, en ce qui concerne le simple, elle résume ainsi : « Je n’ai pas d’attentes pour l’avenir proche – je vais prendre cela un jour à la fois et essayer de regrimper tranquillement. »
Bouchard a réussi à faire un peu d’humour vers la fin de sa conférence de presse. Lorsqu’on lui a demandé si elle avait parlé à son entraîneur Sam Sumyk, elle a répondu : « Non pas encore. Je fais un peu de procrastination… »
Pospisil est éliminé du simple
On aurait pu excuser Vasek Pospisil de ne pas avoir fournir tous les efforts nécessaires pour vaincre le Portugais Joao Sousa au premier tour, mardi.
Une vilaine foulure à la cheville l’avait tenu à l’écart des terrains durant près de deux semaines et il n’avait pas joué de points avant samedi dernier.
Il partait déjà désavantagé contre une spécialiste de la terre battue comme Sousa, finaliste samedi dernier à Genève.
Il a toutefois tout donné et a eu une balle de bris à la deuxième partie du duel, mais n’a pas réussi à en profiter. Dans ce même jeu, il a semblé souffrir en atterrissant sur son pied gauche, puis encore à la septième partie.
Plus tard, il dira qu’il était à environ 80 pour cent. Un moment de grande frustration est survenu à la deuxième manche lorsqu’il s’est retourné vers son équipe et s’est exclamé : « Je ne peux pas bouger les pieds. Comment suis-je censé jouer avec agressivité? »
Il a trouvé la force nécessaire et après avoir tiré de l’arrière 5-3, il a forcé la tenue d’un jeu décisif.
La troisième manche a été disputée à sens unique et les partisans de Pospisil en sont peut-être heureux. Il joue en double avec Jack Sock et il voudra être en pleine forme pour la saison sur gazon ainsi que pour les quarts de finale de la Coupe Davis contre la Belgique du 17 au 19 juillet.
Somme toute, sa prestation a été correcte, considérant le manque de préparation.
« J’ai fait attention », admettait Pospisil. « Le double n’est pas aussi physique que le simple », ajoutait-il à propos de ses espoirs de victoires avec Sock.
Ils sont les deuxièmes têtes de série et pourraient faire des vagues à Roland-Garros si le Canadien reste en santé.
Maria garde son calme
Maria Sharapova semblait impassible au tirage officiel de la semaine dernière lorsqu’elle a tiré le nom de son amoureux. Elle ne lui a cependant pas fait de faveur, car Dimitrov a été battu 6-3, 7-6(5) et 6-1 par Jack Sock.
Paris… Paris… Paris
Ceci est une image fréquemment observée dans la Ville lumière à cette période de l’année – des touristes consultant une carte de la ville pour s’orienter avec le métro. Dans ce cas-ci, l’arrêt est Cadet dans le 9e arrondissement.