C’est vraiment la question du jour et même de la semaine. Il semble que tout le monde veut savoir de quoi souffre la Montréalaise de 21 ans après les défaites qu’elle a subies à ses trois derniers tournois, soit à Indian Wells, Miami et Charleston.
Après avoir atteint le 5e rang en octobre dernier, Eugenie Bouchard, maintenant 7e à la WTA, a perdu trois matchs consécutifs contre la 85e mondial Lesia Tsurenko, une qualifiée, au troisième tour d’Indian Wells, ainsi qu’aux premiers tours de Miami et de Charleston face à Tatjana Maria, 113e, et à Lauren Davis, 66e.
Il est évident que ni Bouchard ni son équipe ne savent exactement ce qui cause cette léthargie et il serait bien présomptueux de notre part de formuler une explication.
Néanmoins, cela n’arrête pas les soi-disant experts d’y aller avec leur opinion, notamment l’Australienne Rennae Stubbs, qui a publié le tweet suivant :
@rennaestubbs: @geniebouchard a besoin de travailler tellement de choses pour retrouver sa confiance. J’aimerais bien passer un mois avec elle…
L’énigme que pose Bouchard doit être replacé dans son contexte et Stubbs ne le connait pas, pas plus qu’elle ne sait ce que l’entraîneur d’expérience Sam Sumyk tente de réaliser avec sa nouvelle protégée.
Tout d’abord, après ses défaites décevantes face à Tsurenko et à Maria, à Indian Wells et à Miami, Bouchard voulait vraiment remonter sur le cheval et tenter de mieux faire à Charleston.
Cependant, elle admettait, après le revers de 6-3 et 6-1 aux mains de Davis, qu’elle a peut-être fait une erreur en acceptant un laissez-passer pour le tournoi sur terre battue.
« Je voulais disputer plus de matchs », admettait-elle. « C’est pour cela que je suis venue ici, mais il aurait peut-être été préférable de prendre la semaine pour m’entraîner, juste m’entraîner. Prendre mon temps et être vraiment prête pour le prochain tournoi. »
Il va sans dire que les blessures n’ont pas aidé. Après avoir atteint les quarts de finale des Internationaux d’Australie, elle a perdu son premier match à Anvers contre Mona Barthel, en février, puis s’est retirée du tournoi de Dubaï à cause d’une blessure à l’avant-bras droit.
À Indian Wells, elle a subi une élongation musculaire abdominale dans la deuxième manche de sa défaite de 6-7(5), 7-5 et 6-4 aux mains de Tsurenko, puis elle a dû jouer avec une orthèse à la cheville gauche et un bandage au pied droit – aucune de ces blessures n’était apparente lorsqu’elle avait plié l’échine 6-0 et 7-6(4) face à Maria, dix jours plus tôt, à Miami.
« Bien, j’éprouve des petits problèmes de ce côté », admettait-elle au sujet de ses blessures après avoir perdu à Charleston. « Tout se replace, mais même si cela ne fait plus mal, vous savez, je ne me suis pas autant entraînée, je n’ai pas joué autant de matchs. Les sensations sur le terrain ne sont pas aussi aiguisées.
Je crois donc que c’est là où j’en suis. Rien n’est douloureux, mais je dois retrouver ma forme de compétition. »
Photo: Mauricio Paiz
Comme elle jouit d’une grande popularité à l’extérieur des courts, certains croient que ses activités connexes nuisent à son tennis. Avant Indian Wells, elle avait participé à l’activité caritative de Will Ferrell et a joué au tennis avec son compatriote Justin Bieber, à La Quinta, en Californie. Puis, près d’une semaine après avoir été éliminée à Miami, elle était encore là-bas et a été photographiées alors qu’elle jouait au tennis avec Hannah Davis (ci-dessus), modèle de la couverture du spécial maillots de bain de Sports Illustrated.
Une critique un peu plus virulente est que Bouchard ne possède pas de « plan B » quand les choses ne tournent pas rondement. La meilleure réponse à cela est sans doute que Maria Sharapova n’a pas plus de plan B et qu’elle s’en sort très bien. Le plus grand avantage de Bouchard est son style de jeu hyper agressif. C’est ce qui l’a propulsée au Top 10. Le désavantage de cela est que quand ça ne fonctionne pas, elle n’a pas beaucoup d’options. Cependant, elle est tellement efficace quand ça fonctionne qu’elle doit continuer d’essayer, peu importe ce qui arrive.
Avant le début de la saison 2015, plusieurs prédisaient qu’elle aurait un creux de vague après cette fulgurante ascension. Néanmoins, alors qu’elle occupait le 7e rang mondial à la fin de 2014, il était facile de l’imaginer grimper encore au classement, surtout avec des joueuses erratiques comme Ana Ivanovic (5e) et Agnieszka Radwanska (6e) juste en avant d’elle et Caroline Wozniacki (8e) juste après.
Photo: Ben Solomon
À 5 pieds 10 pouces et 134 livres, Bouchard n’a pas un gros gabarit, ce qui laisse croire qu’elle devrait ajouter un peu de viande sur ses os, mais elle s’est très bien débrouillée sans un surplus de poids. Cette théorie peut donc être écartée.
Le changement le plus évident est sa séparation avec son entraîneur de l’an dernier (quelqu’un avec qui elle était associée depuis l’âge de 12 ans), Nick Saviano. Elle travaille maintenant avec le Français Sumyk, celui qui a mené Victoria Azarenka à deux titres des Internationaux d’Australie et au numéro un mondial, ainsi qu’avec Vera Zvonareva lorsqu’elle faisait partie du Top 10.
Étrangement, Bouchard, qui n’était pas dans ses meilleures dispositions, n’a pas fait appel à Sumyk durant un changement de côté alors qu’elle était malmenée par Davis, à Charleston. Cela aurait pu permettre de forger des liens professionnels et donner à chacun une idée de l’autre dans un moment difficile.
Après sa défaite, Bouchard mentionnait : « S’il y a une chose que je ne fais pas ou que mon équipe ne fait pas correctement, nous allons prendre notre temps. J’ai longuement discuté avec mon entraîneur. Nous allons tout évaluer et essayer d’améliorer les choses pour la prochaine fois. »
Dans une entrevue accordée à The Guardian, Bouchard commentait à propos de Sumyk, « ce n’est peut-être qu’une période de transition. Je me souviens quand Tiger Woods a apporté des corrections techniques à ses coups, il le disait lui-même, “il y aura un creux avant que les choses s’améliorent”. C’est la même chose pour moi, c’est un grand changement. Je m’étais habituée à quelqu’un, il va donc falloir que j’accepte les baisses de performance avant de revenir au sommet. Il faut continuer de travailler et travailler encore et croire qu’il y aura de la lumière au bout du tunnel. »
Un des principes de Sumyk est que la perfection n’existe pas.
« Je m’attends à de grandes choses », admettait Bouchard. « Mais je vais essayer de ne pas me mettre autant de pression que je l’ai fait à la fin de l’an dernier. Je me rends compte que je ne peux pas être parfaite. C’est ce que Sam tente de me faire comprendre. Et que je vais probablement perdre chaque semaine de l’année… sauf quelques semaines, j’espère. Je dois donc assimiler cela et m’assurer d’apprendre et de toujours chercher à m’améliorer. »
Photo: Ben Solomon
Bouchard a décidé de participer à la Fed Cup ce week-end contre la Roumanie (sans Simona Halep), à l’Aréna Maurice-Richard, à Montréal. En février et en avril 2014, elle a signé une fiche parfaite de quatre victoires (contre la Serbie et la Slovaquie), à Montréal et à Québec. Le soutien de ses partisans est sans doute ce dont elle aura besoin alors qu’elle affrontera les joueuses de simple roumaines – Irina-Camelia Begu (33e), Monica Niculescu (61e) ou Alexandra Dulgheru (69e).
Bouchard n’a pas à paniquer. Elle n’a pas atteint ce niveau de jeu sans faire preuve de classe. Les revirements de situation peuvent être rapides. Prenons l’exemple de Madison Keys, cette Américaine de 20 ans qui a pris part à la demi-finale des Internationaux d’Australie lors de laquelle elle s’est blessée à l’adducteur de la jambe gauche. Elle a éprouvé toutes sortes de difficultés à son retour au jeu au mois de mars. Elle est tombée au deuxième tour à Indian Wells et a été éliminée au premier tour à Miami, perdant 6-4 et 6-2 aux mains de Sloane Stephens et éclatant en sanglot vers la fin du match. Deux semaines plus tard, elle accédait à la finale de Charleston et a perdu en trois manches palpitantes de 6-2, 4-6 et 7-5 face à Angelique Kerber.
« Je vais simplement continuer de travailler fort, attendre que le vent change et apprendre à être patiente. Je sais que je ne gagnerai pas tous les tournois. La patience est une qualité que je n’ai pas encore acquise. »
Il y a un an, l’impatience de Bouchard a été récompensée par de mémorables exploits à Wimbledon, aux Internationaux d’Australie et à Roland-Garros. Peut-être que cette année, la patience sera la bonne recette pour obtenir le même genre de succès.
Aperçu de Monte-Carlo
Le tintement des flutes de champagne sur la terrasse et la Méditerranée en arrière-plan sont des symboles de l’étape annuelle de l’ATP à Monte-Carlo.
Un Canadien a déjà remporté ce tournoi. Lorne Main, qui est maintenant âgé de 84 ans, il été couronné champion il y a 61 ans, soit en 1954.
Cette année, un autre Canadien, Milos Raonic, est un sérieux prétendant au titre et est la 4e tête de série de l’épreuve.
Il amorce son parcours mercredi contre le Portugais Joao Sousa. Raonic a remporté leur seul affrontement précédent – 6-3 et 6-3 – dans la cour de Sousa, en 2011, sur la terre battue d’Estoril. Par la suite, Raonic pourrait se mesurer à Tomas Berdych (6e) en quart de finale et à Roger Federer (2e) en demi-finale. Le favori Novak Djokovic et Rafael Nadal (3e) se trouvent dans l’autre moitié du tableau.
En double, un deuxième tour fort intéressant opposera les sixièmes têtes d’affiche Daniel Nestor et Leander Paes aux bons copains Benoit Paire et Stan Wawrinka. Nestor a bien failli se trouver en face de son plus récent partenaire Rohan Bopanna, mais l’Indien et son coéquipier roumain Florin Mergea ont été éliminés mardi par Paire et Wawrinka.
Raonic participe également au double avec l’infortuné Ernests Gulbis, qui n’a réussi qu’à gagner un jeu lors de son match de simple de lundi contre l’Autrichien Andreas Haider-Maurer. Raonic et Gulbis croiseront le fer avec les Espagnols Tommy Robredo et Fernando Verdasco au premier tour.
La glorieuse histoire du top 10 espagnol
Lorsque Carla Suarez Navarro a atteint la finale de l’Open de Miami il y a deux semaines, elle s’est jointe à tous ses compatriotes espagnols qui ont fait partie du Top 10 au cours des quarante dernières années. Voici à quoi ressemble le tableau d’honneur.
Potente gráfico del #tenis español (vía @angelrigueira y @AlexCorretja74) ¿Cómo recuperar a Santana (entre otros)? pic.twitter.com/rb8auCRz3v — Sebastián Fest (@sebastianfest) April 6, 2015
Andy revêt le kilt nuptial
Andy Murray et sa compagne de longue date Kim Sears ont uni leur destinée, samedi dernier, à Dunblane, en Écosse. Andy, tout comme son frère Jamie et son père William, portait le kilt familial – Murray Of Elibank Ancient. Au début de la journée, Murray avait publié le tweet suivant :
— Andy Murray (@andy_murray) April 11, 2015
N.B. BLOGUES DE LA FED CUP – Les blogues de Tom Tebbut reviendront vendredi en provenance de la rencontre de barrage du Groupe mondial entre le Canada et la Roumanie, à Montréal.