Photo : Jonathan Moore/BNP Paribas Open
Ce n’était pas leur première sortie.
Ni leur plus importante ou mémorable.
Mais il fallait voir l’engouement créé au Canada, le 9 mars dernier, lorsque nos deux fers de lance du tennis professionnel masculin, Félix Auger-Aliassime et Denis Shapovalov, se sont réunis pour l’épreuve de double d’Indian Wells, en Californie.
Car, même si on les croyait inséparables après leur formidable carrière junior, la perpétuation de cette paire allait se révéler plus compliquée lorsqu’ils ont gravi les échelons du classement du simple de l’ATP, considérant leurs objectifs respectifs et les tournois où ils étaient inscrits.
Shapovalov allait connaître du succès au côté de l’excellent vétéran indien Rohan Bopanna, tandis que Félix, moins actif que son blond copain, a tout de même remporté son tout premier titre professionnel lors du tournoi de double de Paris, en 2020, en compagnie du grand Polonais Hubert Hurkacz.
Comment ne pas aimer ce duo canadien, formé de deux amis ayant progressé ensemble depuis leur enfance, qui a remporté du succès à différents niveaux ?
En effet, dès leur étape chez les juniors, ils ont été couronnés champions à la Coupe Davis junior ainsi qu’aux Internationaux juniors des États-Unis de 2015.
Ils ont remis ça, trois ans plus tard, dans le cadre de l’Omnium Banque Nationale présenté à Toronto. Dans la ville de Shapo, inutile de vous rappeler comment ce match avait attiré une foule nombreuse et intéressée, même s’ils ont été éliminés d’entrée par Novak Djokovic et Kevin Anderson.
Et, moins de deux ans plus tard, ils devaient passer au niveau supérieur et remporter la défunte Coupe ATP à Brisbane, en Australie.
Denis Shapovalov et Félix Auger-Aliassime ont grandi ensemble et ont percé sur le circuit de l’ATP ensemble pour finalement hisser notre pays vers le sommet de l’élite internationale en rapportant la prestigieuse Coupe Davis en 2022.
Ils n’ont pas joué ensemble, cette fois-là, mais leur excellence en simple comme en double allait apporter une profondeur enviable au Canada pour cette compétition plus que centenaire.
Dans la soirée du jeudi 9 mars, sur un des courts secondaires à Indian Wells, les deux « compadres » n’ont pas eu de difficulté à triompher de la paire formée du Danois Holger Rune et de l’Américain Ben Shelton, qu’ils ont évincé 6-1 et 6-3 en moins d’une heure (56 min)
Lire aussi : Analyse de leur victoire en doubles.
Ensuite, le forfait du Britannique Cam Norrie (jumelé à l’Autrichien Lucas Miedler) les a envoyés directement en quarts de finale.
Leur match initial est devenu viral au pays grâce, bien sûr, à l’efficacité galopante des réseaux sociaux ou le mot-clic #SHAUGER a permis à l’événement de faire boule de neige.
SHA (pour SHApovalov) et AUGER (pour, bien sûr, AUGER-Aliassime).
Cette réunion de deux mots pour en former un seul n’est pas une nouveauté. C’est ce qu’on appelle des « mots-valises » et les plus connus sont « courriel » (courrier et électronique), « clavardage » (clavier et bavardage), « brunch » (breakfast et lunch), ou « abribus » (abri et autobus).
Lire aussi : Auger-Aliassime survit à un thriller et atteint les quarts de finale à Indian Wells
Vous aimez SHAUGER ? Ou pas ?
J’y reviendrai à la fin de ce blogue. Mais d’abord, faisons le tour de la question avec quelques surnoms du genre.
FEDAL, WOODIES, ISNERMAN
Le plus récent et célèbre surnom qui nous vient en tête est allé à deux hommes qui, pourtant, ne comptent que très peu d’action ensemble du même côté d’un filet.
Il s’agit de « FEDAL », inventé en septembre 2017 lors de la la toute première édition de la Coupe Laver, à Prague. Les deux immortels du tennis en simple, FEderer et NaDAL, avaient disputé leur tout premier match de double. Fabuleux moment, inespéré, inattendu.
Magique.
Avant FEDAL, il y a eu plusieurs autres paires, identifiées à l’aide de mots-valises ou de surnoms. Comment ne pas simplement rappeler celle qui, en 2014, était la marque de commerce (agréable) de notre compatriote Vasek Pospisil et de l’Américain Jack Sock, grands champions du prestigieux tournoi de Wimbledon, en 2014, alors qu’ils n’étaient même pas parmi les têtes de série ?
« Pospisock »
De leur côté, les Australiens Jason Kubler et Rinky Hijikata ne savent toujours pas si leur équipe aura « Kubikata » ou « Janky » comme surnom. On leur a suggéré « Team Kinky », mais, pour des raisons de pudeur, ils ont décliné en souriant.
Ce titre, acquis à leur première expérience ensemble, est survenu un an presque jour pour jour après qu’un autre duo de leurs compatriotes ait remporté le même trophée.
Leurs compatriotes, Nike Kyrgios et Thanasi Kokkinakis ont formé une paire subtilement baptisée « Special K’s », en référence aux fameuses céréales de Kellogg’s. Ce surnom, vous le devinez, a déclenché la production d’un tas de produits dérivés comme ce gaminet.
Et restons au pays des kangourous pour rappeler l’époque dorée des « Woodies », un tandem formé de Todd Woodbridge et Mark Woodforde qui a remporté rien de moins que 61 titres professionnels, dont 11 en tournois du Grand Chelem, en plus de deux médailles olympiques (l’or en 1996 et l’argent en 2000).
Quant au surnom le moins recherché, disons, il était tout de même le plus simple et il déterminait la plus grande paire de double de tous les temps. Les frères Bob et Mike Bryan étaient donc, les « Bryan Brothers ».
Ils ont conquis deux fois plus de titres ATP que les « Woodies » (119) en plus de 16 tournois majeurs et une médaille d’or olympique (2012).
La paire parfaite, en plus, alors que l’un était gaucher (Bob) et l’autre droitier (Mike).
Et, pour conclure la liste, le tandem le plus improbable ou inattendu.
Ça remonte à mai 2022 quand le plus grand joueur de l’ATP (en taille) a fait équipe avec le plus petit. John Isner et Diego Schwartzman ont uni leurs efforts pour survoler le tableau du double, au tournoi sur terre battue de Rome.
On n’avait pas pris trop de temps avant de les baptiser, un peu comme des superhéros, « ISNERMAN ». Un surnom qu’ils ont immédiatement adopté.
ON LE GARDE OU ON LE CHANGE ?
Revenons à notre duo gaucher-droitier, formé de Denis et Félix et à « SHAUGER ».
Aimez-vous ? Ou, comme Alexandre Régimbald l’a noté en assistant à leur premier match, devrait-on en trouver un autre ? Régimbald, qui pilote chaque semaine la baladodiffusion « Sur la ligne » de l’Omnium Banque Nationale, était présent à leur match et, dans une publication sur les réseaux sociaux, s’est demandé si on ne pourrait pas leur donner comme nom : « Shapoliassime ».
Un peu long, il faut en convenir.
Mais les réponses n’ont pas tard. Dont les miennes.
« DENIX » ou « FÉLIS » ?
« SHAPOVISSIME » ou « ALIASSOV » ?
« SHAPÉLIX » ou « SHAPOFÉLIX » ?
Et vous, qu’en pensez-vous ? Envoyez-moi vos idées sur une des adresses au bas de ce texte.
Peu importe s’ils conservent le surnom actuel ou s’ils en adoptent un autre, comment ne pas souhaiter les voir plus souvent ensemble sur un terrain ?
Leur amitié, leur complicité et… leurs sourires sont irrésistibles, comme le soulignait un internaute dans cette publication consacrée au « sourire SHAUGER ».
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