Photo : Tennis Canada/Srdjan Stevanovic
Au moment où vous lirez ces lignes, l’équipe du capitaine Sylvain Bruneau sera à pied d’œuvre en vue des Finales de la Coupe Billie Jean King (BJK), anciennement nommée Fed Cup, une compétition de tennis opposant les nations.
Après avoir initialement été programmées à Budapest, c’est en République tchèque que ces Finales seront disputées.
Oui, Sylvain Bruneau, qui retrouve ses anciennes fonctions, car l’actuelle capitaine Heidi El Tabakh avait un événement plus personnel et… important au calendrier : son mariage.
Et… oui, le Canada. Car si notre pays n’était pas admis initialement, il a été choisi pour remplacer la Hongrie, pays hôte, après le désistement de ce dernier. En sa qualité de nation la mieux classée à l’issue des rencontres de barrage du mois d’avril, notre équipe a obtenu ce laissez-passer le 21 août dernier.
Tout comme la Coupe Davis de 2019, le tournoi féminin a suivi un peu le même cheminement dans un but de modernité. C’est donc un total de 12 équipes qui se produira à l’Arena O2 de Prague du 1er au 6 novembre.
La compétition met donc en vedette 12 pays, répartis en quatre groupes de trois. Après un tournoi à la ronde où chaque nation affrontera les deux autres dans le format identique à la Fed Cup d’alors (deux simples suivis d’un double), les vainqueurs de chacun des quatre groupes accéderont aux demi-finales.
Le Canada, privé de ses deux fers de lance, Bianca Andreescu (21e) et Leylah Annie Fernandez (27e), comptera sur Rebecca Marino (147e), Carol Zhao (330e), Françoise Abanda (339e) ainsi que Gabriela Dabrowski, 5e mondiale en double et détentrice de dix titres.
Notre équipe fait partie du groupe A, en compagnie de la France et d’une équipe russe nommée FRT (Fédération russe de tennis) après le bannissement de ce pays en 2019, de son drapeau et de son hymne national pour quatre ans en raison de sa culpabilité pour dopage institutionnalisé.
La Russie a délégué ses cinq joueuses les mieux classées à la WTA, soit Anastasia Pavlyuchenkova (16e), Daria Kasatkina (28e), Veronika Kudermetova (32e), Ekaterina Alexandrova (37e) ainsi que Liudmila Samsonova (42e).
Et la France alignera Alizé Cornet (66e), Caroline Garcia (73e), Clara Burel (75e) et Fiona Ferro (98e).
Joint la veille du départ, le capitaine Sylvain Bruneau a mis cartes sur table dès le départ. « Sans nos trois joueuses de pointe, car il ne faut pas oublier Eugenie Bouchard, blessée, c’est clair que nous sommes les négligées. Mais en raison du potentiel des filles qui ont réussi récemment à se distinguer et à causer des surprises, nous avons un premier élément d’encouragement. Qui plus est, nous retrouvons des conditions de jeu qui nous sont habituellement favorables — surface intérieure, rapide — alors tout est possible. »
En parlant de joueuses qui ont connu du succès récemment, Bruneau se rappelait la belle chevauchée de Rebecca Marino à l’Omnium Banque Nationale de Montréal, alors que la Britanno-Colombienne avait atteint les huitièmes de finale. Qui plus est, il rappelait que Françoise Abanda, sans avoir joué pendant huit mois, a livré une chaude lutte à Caroline Garcia à Montréal avant de profiter d’un laissez-passer, deux semaines plus tard, à Chicago, pour y vaincre Danka Kovinic, alors 65e mondiale. « Et Françoise, dans sa carrière en Fed Cup, a enregistré de bonnes victoires, souvent contre des joueuses bien mieux classées qu’elle. C’est une autre variable à ne pas négliger », d’ajouter Bruneau. « Et puis, il y a Rebecca qui a un puissant service, une arme intéressante lorsqu’on joue à l’intérieur. Sans oublier que nous comptons sur Gabriela, qui est une des meilleures joueuses du monde en double. »
De là à penser que Marino disputera chaque jour un match de simple et de double, il n’y a qu’un pas. Mais Sylvain Bruneau n’a pas voulu s’avancer.
Le vétéran capitaine n’hésitera pas, non plus, à rappeler aux joueuses qu’en plus de pouvoir surprendre les favorites, elles ont une occasion unique. « C’est vrai que notre nomination, après le désistement de la Hongrie, nous donne une occasion inédite. Surtout dans cette toute nouvelle formule de compétition qui prend son envol. Moi, je n’ai jamais participé à un tournoi par équipe avec les meilleures du monde et ça m’excite d’en faire partie. Je suis sûr qu’elles saisiront ce moment. »
Voici l’horaire du tournoi préliminaire, pour le groupe du Canada, à compter du lundi 1er novembre :
Canada c. France 1er nov. 5 h 30 (Canada / HAE)
Canada c. RTF 2 nov. 5 h 30 (Canada / HAE)
France c. RTF 3 nov. 5 h 30 (Canada / HAE)
Nos Canadiens à Madrid
Nous aurons l’occasion d’en reparler, mais du côté masculin, c’est le meilleur trio envisageable qui dirigera notre équipe dans le cadre des Finales de la Coupe Davis, à Madrid, du 25 novembre au 5 décembre.
Dans un communiqué publié le 25 octobre, Tennis Canada confirmait que Félix Auger-Aliassime, Denis Shapovalov et Vasek Pospisil tenteraient de répéter leurs succès de 2019, alors qu’ils avaient atteint la finale. Ils seront accompagnés cette fois de Brayden Schnur et de Peter Polansky.
Dans un format à peu près semblable à celui de la Coupe BJK, le tournoi préliminaire comportera six groupes de trois nations. Le Canada évoluera aux côtés du Kazakhstan et de la Suède.
En espérant qu’aucune blessure n’empêche l’un de ces joueurs de s’y rendre.
Les défis d’Alexis
Dimanche, fin d’après-midi. Un visage apparaît sur l’écran de ma tablette.
Il sourit et je le reconnais, même si les trois quarts du visage sont recouverts par l’incontournable masque. Ce sont les yeux sympathiques et souriants d’Alexis Galarneau (et sa voix) qui me saluent.
Installé dans le hall d’entrée de son hôtel à Lima, au Pérou, le tennisman québécois vient de terminer son entraînement, et il accepte de me parler de ses récentes aventures en Amérique du Sud, de celles qui suivront, aux États-Unis, dans le prochain mois. Sans oublier les bons moments de 2021.
Galarneau continue sa progression dans les coulisses du tennis professionnel. Il a le même âge que Denis Shapovalov, 22 ans (un mois plus âgé), et an de plus que son grand ami Félix Auger-Aliassime. Il pointe actuellement au huitième rang des joueurs canadiens au classement de l’ATP.
Comme des centaines d’autres athlètes, il participe à des tournois Challengers et accumule, lentement, mais sûrement, les points qui le font progresser dans la hiérarchie.
Déjà, une surprenante victoire aux dépens de l’Allemand Daniel Altmaier (110e), le 21 octobre à Bogota, lui a permis de grimper au 336e rang, soit le meilleur classement de sa carrière.
Depuis le début de l’année, et en comptant les qualifications à Lima, il affiche un dossier de 22 victoires et 15 défaites.
Après les tournois de Bogota (Colombie) et de Lima (Pérou), il lui restera une étape sud-américaine à Guayaquil (Équateur) avant de prendre part aux épreuves de Knoxville (Tennessee) et de Champaign (Illinois) pour enfin terminer sa saison à Puerto Vallarta (Mexique).
Selon ses performances, il peut grappiller entre 10 et 80 points par tournoi et continuer sa lente progression vers des accès aux qualifications de compétitions plus importantes.
Content de son année ?
« Dans les circonstances, oui, compte tenu de la situation avec la pandémie, car je ne savais pas que je pourrais jouer autant de Challengers », d’expliquer le joueur natif de Laval. « Donc, à ce niveau-là, je gagne beaucoup d’expérience à faire des tournées de plusieurs semaines à l’étranger. Je suis encore en phase d’apprentissage, mais une fois que je vais avoir compris comment ça fonctionne sur le circuit professionnel, je serai un peu plus à l’aise. »
Je le reprends : « comment ça fonctionne » ? En apparence, ce n’est pas compliqué, le tennis. Tu gagnes ou tu perds, avec les conséquences qui viennent avec.
Mais ici, il est clair qu’Alexis parle de gestion. De gestion des victoires et des défaites, très exactement, et de la façon d’en tirer profit, peu importe le résultat. Et la gestion de ce qui est devenu un long marathon.
« Exactement. J’apprends à me faire des routines avant les matchs, à gérer mes émotions même après une victoire. Et comme j’ai terminé mon université, c’est devenu mon emploi à temps plein. Au début, je m’étais mis un peu de stress, mais j’ai pris un peu de recul et je comprends le contexte de ce qui est une nouvelle étape pour arriver au but que je m’étais fixé, devenir un joueur professionnel. »
Pour reprendre le bon vieux cliché du sport (et même du reste de la vie), « Never get too high … never get too low » ou : rester les deux pieds sur terre après une victoire et éviter de se décourager après une défaite.
Qui plus est, il faut savoir gérer la solitude, loin de ses proches ou même de son entraîneur Denis Turcot, avec qui il échange à distance pour tenter de comprendre, améliorer, modifier chaque petite chose du quotidien.
Outre le triomphe aux dépens d’Altmaier, il a notamment enregistré cette année des victoires sur des vétérans ayant déjà connu le Top 100, voire mieux, tels les Bernard Tomic, James Ward et Donald Young. Quant à la progression au classement, elle va lui faciliter la vie pour planifier ses tournois.
« Ultimement, tout ça va m’aider à établir un calendrier fixe. Jusqu’ici, mon classement me faisait osciller entre les circuits Challenger et Futures. Souvent, je devais m’inscrire aux deux niveaux. Je me retrouvais dans un tournoi à la dernière minute, ce qui n’était pas idéal pour une bonne préparation. »
En ce qui concerne ses objectifs de carrière, le jeune homme n’est pas trop réservé. Son ambition est légitime et… saine.
« Ultimement, j’aimerais être Top 20. J’en parlais récemment avec Félix et d’autres joueurs et ce que je comprends, c’est d’y aller étape par étape. Top 250, ce qui me permettrait de disputer les qualifs des Grands Chelems. Puis, Top 150… Top 100… Au tennis, les choses peuvent changer rapidement. On vient de le voir avec Leylah. »
« En parlant de Félix, n’est-ce pas avec lui que tu as connu un de tes moments les plus exaltants de l’année ? », lui demandai-je ? « Quand il t’a invité à faire équipe pour l’épreuve de double, ICI, au Canada, lors de l’Omnium Banque Nationale ? »
« Absolument. Je me rappelle… j’étais dans ma chambre à l’université et je regardais la télé quand le téléphone a sonné. Il m’a dit que ce serait plaisant de disputer le double à Toronto et qu’il allait demander un laissez-passer au patron du tournoi », raconte Alexis. « Au début, je me disais que c’était impossible… que Félix allait avoir d’autres propositions par des joueurs mieux classés ! Quand j’ai su que c’était confirmé, j’étais vraiment content. »
Ultimement, les deux compères ont bien paru puisque c’est par le score serré de 6-4 et 7-6(6) qu’ils se sont inclinés face aux Russes Andrey Rublev et Karen Khachanov.
« On est passé près. Mais c’est une expérience qui m’a donné confiance. »
Alexis et Félix se connaissent depuis longtemps. Une amitié qui est née lors de leurs débuts, dans le programme de développement de Tennis Québec, il y a une bonne douzaine d’années. Ils avaient 9 et 8 ans, respectivement.
Ce geste de Félix, maintenant parvenu dans l’élite mondiale, était une belle preuve d’amitié. Et une expérience qu’Alexis n’oubliera jamais.
Peu importe son classement…
Sacrilège
Triste !
Quel choc et quelle tristesse que de voir apparaître sur mon fil Twitter cette image d’un stade de tennis transformé en parc de planches à roulettes !
Car il ne s’agit pas de n’importe quel stade. C’est le « Nicola Pietrangeli », deuxième amphithéâtre en importance du Foro Italico, site des Jeux olympiques de Rome (1960) devenu le cadre des Internationaux de Rome. Un pur bijou d’amalgame entre le passé et le présent romains.
Difficile de pointer un gagnant dans la liste des plus beaux stades mondiaux, mais le Pietrangeli est, selon moi, un des trois plus beaux de la planète, sinon le plus pittoresque de tout le lot.
Avec ses gradins antiques originaux, il s’avère peut-être moins confortable que les autres, mais demeure pour moi l’endroit numéro un de mes rêves si on m’offrait la chance d’aller disputer un match dans un des stades de tennis de la planète.
De le voir ainsi transformé est pour moi une hérésie.
Oui, vraiment triste…
Courriel : privard@tenniscanada.com
Twitter : @paul6rivard
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