Eugenie Bouchard n’a pas réussi à se sortir de sa récente torpeur – perdant ses deux matchs de simple de la Fed Cup ce week-end contre la Roumanie à l’Aréna Maurice-Richard de Montréal – et le Canada est donc expulsé du Groupe mondial I et est relégué au Groupe mondial II.

Cela signifie qu’en 2016, le Canada ne luttera pas pour les grands honneurs de la Fed Cup, mais plutôt pour réintégrer le niveau supérieur en 2017.

La marque était égale 1-1 au début de la journée de dimanche après la défaite de Bouchard aux mains d’Alexandra Dulgheru et la victoire de Françoise Abanda face à Irina-Camelia Begu, la veille. La situation était favorable pour que Bouchard stoppe sa séquence de quatre revers, car Begu a dû céder sa place à une joueuse moins bien classée en raison d’un problème au mollet.

Arturo Velaquez/Tennis Canada
Arturo Velaquez/Tennis Canada

Sa remplaçante, Andreea Mitu (ci-dessus), 23 ans et 104e mondiale, avait remporté deux matchs la semaine dernière sur la terre battue de Charleston, mais sa feuille de route ne comprenait rien de plus qui aurait pu inquiéter une joueuse de la trempe de Bouchard.

La foule rassemblée à l’Aréna Maurice-Richard a chaleureusement accueilli Bouchard lorsqu’elle s’est présentée sur le terrain à 13 h et tout semblait en place pour que la Canadienne relance sa saison de tennis.

Elle a facilement remporté le premier jeu et tentait visiblement de modérer sa tendance à vouloir produire des coups hyper agressifs – prolongeant les échanges assez longtemps pour permettre à Mitu de commettre des fautes directes.

Tout semblait aller sur des roulettes pour elle, et pour les espoirs du Canada, lorsqu’elle a ravi le service de son adversaire pour prendre les devants 4-2. Cependant, un scénario devenu trop familier est réapparu. Elle a amorcé sa prochaine partie au service avec une erreur en coup droit, puis une double faute lui a fait accuser un retard de 15-40. Elle a réussi à se replacer pour détenir l’avantage, mais a complètement raté un coup droit qui a volé à l’extérieur. Deux points plus tard, c’est un revers frappé dans le filet qui a permis à Mitu de revenir dans le match.

Jusqu’à ce que Mitu trouve son erre d’aller alors que Bouchard se désintégrait à la troisième manche, l’adjectif le moins virulent pour décrire le niveau de jeu des deux protagonistes était « inégal ». Faible aurait été un euphémisme.

Arturo Velaquez/Tennis Canada
Arturo Velaquez/Tennis Canada

Les deux joueuses ont connu des hauts et des bas, mais Bouchard a été la plus régulière pour empocher la manche initiale 6-4. Elle menait 4-3 au deuxième acte, mais est retombée dans sa torpeur. Même si Mitu a bien joué – son coup droit était formidable par moments et son service s’est miraculeusement amélioré à la troisième manche –, on ne pouvait s’empêcher de penser qu’il y a un an, Bouchard aurait trouvé le moyen de se sortir du pétrin pour démolir la Roumaine 6-3 et 6-1.

Cependant, la confiance de Bouchard est pour le moins vacillante ces temps-ci. Mitu a brisé la Canadienne à 4-4 de la deuxième manche – aidée par une double faute à 15-30 – puis a gagné son service pour prendre la manche.

Les partisans du Canada ont eu peine à regarder la manche décisive – Bouchard étant à toutes fins utiles battue d’avance après avoir concédé le premier jeu.

« La deuxième manche a été serrée et j’ai eu mes chances à 4-4 », mentionnait-elle. « Par moment, j’ai essayé d’être agressive tout en gardant la balle en jeu. Peut-être que je n’étais pas assez agressive quand il l’aurait fallu et qu’elle a dominé les points. C’est elle qui a élevé son niveau de jeu et qui a pris le contrôle des points. »

Arturo Velaquez/Tennis Canada
Arturo Velaquez/Tennis Canada

Après la défaite de Bouchard, les chances du Canada semblaient bien minces, car Abanda devait affronter Dulgheru, l’héroïne roumaine de samedi après sa victoire aux dépens de Bouchard.

Néanmoins, la jeune Montréalaise de 18 ans a produit du jeu solide au service et en fond de terrain et menait 6-4 et 4-2 face à la joueuse de 25 ans, qui confiait avoir eu beaucoup de difficultés à trouver son rythme après avoir affronté Bouchard la veille.

« Bouge tes pieds et mets-y plus d’énergie », ont été les conseils de la capitaine Alina Cercel-Tecsor durant un changement de côté.

Arturo Velaquez/Tennis Canada
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Dulgheru a mis la main sur les trois parties suivantes pour prendre les devants 5-4 et le match aurait pu aller d’un côté comme de l’autre. Abanda, qui, 24 heures plus tôt, avait disputé un duel de deux heures et 40 minutes contre Begu, est restée dans les échanges, mais Dulgheru était légèrement meilleure et a enlevé la manche 7-5.

Au retour d’une pause toilette à la fin de la deuxième manche, Abanda a brisé la Roumaine à zéro et menait 40-15 au deuxième jeu. Toutefois, Dulgheru a puisé dans ses réserves pour remporter ce jeu et couper le vent de la Canadienne. À 2-2, Dulgheru a graduellement creusé l’écart.

« Ç’a été un match étrange », mentionnait-elle. « Durant une manche et demie, je ne sentais pas bien la balle. Mais lorsqu’elle menait 4-2, j’ai senti que je revenais dans le jeu. »

Dulgheru, qui occupe le 69e rang mondial, commentait ceci à propos d’Abanda, « elle a beaucoup de potentiel. Elle est grande, possède un bon service et se déplace bien – elle fait un pas et elle est déjà à la balle. »

Arturo Velaquez/Tennis Canada
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« Il ne fait pas de doute que j’étais la joueuse négligée », analysait Abanda à propos du duel avec Begu. « Je suis la joueuse la moins bien classée (260e) des huit filles et je suis la plus jeune. J’ai donné tout ce que j’avais. J’ai fourni tous les efforts que je pouvais. Et si toutes les filles ont donné leur 100 %, il n’y a rien d’autre que nous aurions pu faire. »

À propos d’une possible fatigue ressentie à la suite de son gain face à Begu, 33e, la veille, Abanda commentait, « J’ai eu un très gros match hier et celui d’aujourd’hui n’a pas été plus facile. Je ne crois donc pas que j’étais à mon mieux mentalement et physiquement, mais je dois donner à mon adversaire le mérite d’être restée dans le match. Elle a gagné alors ce n’était pas assez. Je vais devoir continuer de m’améliorer. »

Arturo Velaquez/Tennis Canada
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Le capitaine Sylvain Bruneau, qui commentait la prestation d’Abanda ce week-end, disait, « Je suis très satisfait, car toute l’équipe du développement du tennis féminin de Tennis Canada croit en elle depuis longtemps. Nous croyons tous qu’elle possède un immense potentiel. Elle n’a que 18 ans, mais nous étions certains qu’elle s’apprêtait à réaliser quelque chose de spécial. Ses résultats ont été un peu en dents de scie, mais battre une 33e mondiale qui connait un excellent début de saison 2015 et passer très près de vaincre Dulgheru est vraiment formidable. Je suis vraiment satisfait d’elle. J’espère que cela lui donnera de la confiance et de la motivation pour travailler fort et obtenir d’autres bons résultats. »

Il était intéressant de constater, un peu plus tôt, que quand Abanda était à côté de Bouchard, qui fait 5 pieds 10, elle semblait un petit peu plus grande.

Les deux étaient demi-finalistes juniors Wimbledon en 2012, alors qu’Abanda était âgée de 15 ans et que Bouchard en avait 18. Depuis, Abanda a été ennuyée par une blessure à l’épaule qui l’a forcée au repos durant de longues périodes de temps, mais elle semble maintenant en bonne santé et prête à développer un potentiel semblable à celui de Bouchard.

Quant à Bouchard, elle parle candidement de ses difficultés, en espérant qu’elle ait enfin touché le fond du baril après deux écrasantes défaites devant ses partisans.

« Je traverse une période difficile, même si je n’aime pas cela », admettait-elle. « Je ne me sens pas moi-même depuis quelque temps. »

Elle ballait du revers de la main toutes suggestions concernant son état physique. « Je ne suis pas malade. Je me sens bien. »

Tout ce qu’elle pouvait dire au sujet de ses piètres performances récentes est « Je n’ai pas d’explications. Je ne peux pas gagner tous mes matchs. J’en ai perdu cinq de suite. (Mais) il y a des choses plus importantes dans la vie. »

Elle s’est retirée du tournoi de cette semaine à Stuttgart et prévoit un retour au jeu dans deux semaines, à Madrid. « La pente sera longue à remonter », poursuivait-elle. « Cela prendra du temps et je devrai être patiente. Je sais que perdre des matchs fait partie du processus. »

Bruneau a été questionné sur la situation actuelle de Bouchard. « Il est évident qu’elle éprouve des problèmes. Une période creuse peut arriver à n’importe quel athlète. Elle manque de confiance et cela transparait dans son jeu. Elle reprendra confiance lentement et je suis certain que nous reverrons l’Eugenie Bouchard des beaux jours. »

Quand on lui a demandé quels conseils il a donnés à Eugenie lors des changements de côté durant le match contre Mitu, il a répondu : « Je sentais qu’elle était très tendue. Elle portait un grand poids sur ses épaules et cela se reflétait dans son jeu, dans ses mouvements. J’ai essayé de créer de la distance entre elle et le résultat du match… essayé de la faire relaxer, de lui dire de jouer du tennis comme elle l’aime et de s’amuser. Mais ce ne sont pas des conditions faciles. Je la trouve très courageuse de venir jouer alors qu’elle sait très bien qu’elle n’est pas à son mieux. De plus, elle n’a eu que cinq jours de préparation sur surface dure et doit maintenant retourner sur la terre battue. Plusieurs joueuses auraient dit “Je ne joue pas, je n’y vais pas. Je dois me préparer pour autre chose”. Mais elle y était et c’est très honorable de sa part. »

Arturo Velaquez/Tennis Canada
Arturo Velaquez/Tennis Canada

Bouchard semble aussi déterminée que jamais à travailler, mais il était un peu déconcertant de la voir si pâle et si mince. Elle pourrait sans doute prendre 10 livres et être plus forte et plus en forme.

Elle est entourée d’un groupe de soutien d’expérience, ainsi que de Jordan Caron, un joueur de l’Avalanche du Colorado, qui était présent dimanche et qui semble être son amoureux.

Bouchard est très au courant des commentaires concernant ses problèmes sur le terrain et mentionnait, avec un peu de sarcasme, « Je vie peut-être ce creux de vague de première année dont vous (les médias) parlez… alors nous nous en tiendrons à cela. »

Lorsqu’un journaliste lui a dit que plusieurs de ses partisans en ligne « paniquaient », elle a répondu : « Je ne parle pas à ces gens, je n’ai donc rien à leur dire sauf que je fais mon possible et que je crois en moi. »

Un des meilleurs signes que la volonté de Bouchard de passer à autre chose est que 20 minutes après le match de double de dimanche – remporté par les Canadiennes Sharon Fichman et Gabriela Dabrowski au super-jeu décisif à contre Mitu et Raluca Olaru – elle était encore dans l’aréna à prendre des photos avec les chasseurs de balles et discuter avec plusieurs personnes dont son entraîneur Sam Sumyk.

Les Roumains étaient partout

Arturo Velaquez/Tennis Canada
Arturo Velaquez/Tennis Canada

Il y avait un nombre surprenant de Roumains à l’Aréna Maurice-Richard pour les deux jours de la Fed Cup.

La communauté roumaine est importante à Montréal et une des principales raisons est sans doute le fait que le français a longtemps été enseigné en tant que langue seconde en Roumanie. Ce n’est apparemment plus le cas aujourd’hui alors que l’anglais gagne du terrain.

À certains moments, dimanche, il était difficile de dire si la foule était pro-Canada ou pro-Roumanie. Tout s’est bien déroulé et les officiels de Tennis Canada ont même été agréablement surpris de la gentillesse des joueuses roumaines toute la semaine.

La Roumanie est donc promue au Groupe mondial I pour 2016, alors que le Canada devra retourner dans le Groupe mondial II où la compétition sera aussi féroce avec la présence, notamment, des États-Unis et de la Serbie.

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