Photo : Rakuten Japan Open
Il n’y en a pas beaucoup, c’est évident.
De là à dire qu’il s’agit d’un art qui se perd ou même d’un geste en voie de disparition – comme le titre un article du New York Times dont il sera question plus bas – il n’y a qu’un pas. Effectivement, celles et ceux qui l’utilisent sont de moins en moins nombreux.
Les statistiques ne mentent pas. On parle maintenant de moins de 10 pour cent, environ, dans la population mondiale qui pratique le tennis. Et dans la portion supérieure du Top 1000, tant chez les femmes que chez les hommes, le nombre est famélique.
Précisons qu’il y aura toujours des balles frappées du revers, à une seule main, et ce même chez les inconditionnels des revers à deux mains. Ne serait-ce que pour exécuter ces revers coupés du fond du terrain, ou encore ces amortis létaux qui, s’ils ne produisent pas toujours des points gagnants, ont le don de faire rager le rival en l’épuisant.
Maintenant que la table est mise, allons-y avec une courte mise en contexte historique.
Dès les balbutiements de ce sport, il était évident que la raquette était tenue d’une seule main. Tant pour le coup droit que pour le revers.
On doit remonter il y a près d’un siècle pour trouver les premiers à avoir effectué ce revers à deux mains. Il s’agit des Australiens Vivian McGrath et John Bromwich, qui ont évolué dans les années 1930.
Par la suite, à la fin des années 1960, le Canadien Mike Belkin en a fait sourciller plus d’un avec ce geste des plus rares.
Mais c’est réellement dans les années 1970 et 1980, avec les Bjorn Borg, Jimmy Connors et Chris Evert, que la tendance s’est amorcée pour ne plus jamais s’inverser.
Voici deux courtes listes des plus grands noms ayant évolué avec un revers à une main. Par souci de neutralité, j’ai choisi d’étaler leurs noms par ordre alphabétique, tout en ajoutant leurs années de service.
- Ashleigh Barty (2012–2014/2016–2022)
- Steffi Graf (1982-1999)
- Justine Henin (1999-2011)
- Billie Jean King (1968-1990)
- Amélie Mauresmo (1993-2009)
- Carla Suarez Navarro (2003-2021)
- Martina Navratilova (1974-2006)
- Gabriela Sabatini (1985-1996)
Au sein de la WTA, les revers à une main sont particulièrement rares. L’Allemande Tatjana Maria (57e) est la seule joueuse du Top 100 à l’utiliser. On n’en recense que 17 dans le… Top 1000 pour un maigre 1,7 %.
Par ailleurs, chez les hommes, 43 joueurs ont un revers à une main dans le Top 1000, soit 4,3 %. Dans le Top 100, ils sont 12.
Dans la récente histoire du tennis masculin, il y a aussi plusieurs grands noms s’étant démarqués avec ce coup. Notez que j’y ai inclus quatre athlètes qui n’ont jamais gagné de titres de tournois du Grand Chelem, mais parce que ce sont des contemporains ayant l’admiration de tout le milieu pour la beauté de leur geste. Des choix personnels qui, tout de même, vont rallier l’ensemble des amateurs.
Je pense à Richard Gasquet, un Français avec 16 titres, le Grec Stefanos Tsitsipas (10), le Bulgare Grigor Dimitrov (8), l’Italien Lorenzo Musetti (2) ainsi qu’un certain Canadien du nom de Denis Shapovalov (1).
- Arthur Ashe (1969-1980)
- Gregor Dimitrov (2008 -aujourd’hui)
- Stefan Edberg (1983-1996)
- Roy Emerson (1968-1983)
- Roger Federer (1998-2022)
- Richard Gasquet (2002-aujourd’hui)
- Gustavo Kuerten (1995-2008)
- Rod Laver (1963-1979)
- Ivan Lendl (1978-1994)
- John McEnroe (1978-1994)
- Lorenzo Musetti (2019-aujourd’hui)
- Ken Rosewall (1956-1980)
- Pete Sampras (1988-2003)
- Denis Shapovalov (2017-aujourd’hui)
- Dominic Thiem (2011-aujourd’hui)
- Stefanos Tsitsipas (2016-aujourd’hui)
- Guillermo Vilas (1969-1992)
On en verra de moins en moins et les jeunes devraient l’oublier, aussi élégant soit-il. C’est l’opinion de David Nainkin, qui dirige le développement des joueurs à l’USTA (association de tennis des États-Unis. « Le revers à deux mains est beaucoup plus stable et la motion est plus courte et plus simple », dit-il. Maintenant, c’est presque impossible de réussir sur le circuit avec un revers à une main. On en verra de moins en moins au cours des 10 prochaines années. »
Dans ce même dossier du New York Times, même la plus grande joueuse de tous les temps en termes de victoires en simple et en double, doit s’incliner.
Martina Navratilova, dont le revers à une main lui a ouvert la porte de quelques 344 titres, simple et double confondus, reconnaît que les jeunes ont avantage à utiliser le revers à deux mains, sauf, bien sûr, dans deux situations. « Utilisez-le pour le revers coupé à une main et, bien sûr, la volée. »
Admirez ces gestes élégants puisqu’il n’y en a plus pour longtemps et le revers à une main pourrait s’évanouir comme ce fut le cas des raquettes de bois après 1980.
Le soleil asiatique brillait pour les Canadiennes
Après une année 2022 foisonnante pour le tennis canadien, les neuf premiers mois de 2023 n’ont guère apporté de raisons de célébrer. Mais le ciel semble se dégager en fin de saison pour nos athlètes.
Si on voulait rester dans les comparaisons célestes, rappelons que le samedi 14 octobre, la lune est venue mordre une partie du soleil lors d’une éclipse partielle qui a pu être observée partout au Canada. Et, dès le lendemain, en Asie, c’étaient les astres qui étaient alignés pour les joueuses canadiennes en action.
À une heure d’intervalle, Leylah Fernandez et Gabriela Dabrowski ont remporté leur finale chinoise respective, à Hong Kong et à Zhengzhou. Et, quelques heures plus tard, chez les hommes, Gabriel Diallo était couronné champion du Challenger de Bratislava, couronnant un dimanche des plus fastes pour nos compatriotes manieurs de raquettes.
Si Dabrowski est une habituée des titres, en double, le succès de Fernandez avait particulièrement bon goût, après une disette de 594 jours sans avoir soulevé un trophée de la WTA.
À ce moment, Leylah était 21e mondiale et chevauchait une vague de confiance qui allait la porter jusqu’au 13e échelon, six mois plus tard. La suite devait s’avérer plus difficile, jusqu’à ce qu’elle se retrouve en 96e place, en juin dernier.
Avec cette victoire au tournoi de Hong Kong, difficilement acquise en finale aux dépens de la Tchèque Katerina Siniakova, Fernandez semble avoir retrouvé cette confiance qui avait marqué son émergence de 2021 et 2022.
Et elle a réintégré le Top 50 grâce à ce bond de 17 rangs. Elle est 43e au classement de la WTA.
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De son côté, Gabriela Dabrowski a poursuivi sa fructueuse association avec la Néo-Zélandaise, originaire du Canada, Erin Routliffe.
Favorites du tournoi de double de Zhengzhou, en Chine, les championnes du US Open ont pris la mesure des troisièmes têtes de série, les Japonaises Shuko Aoyama et Ena Shibahara.
Pour la joueuse d’Ottawa, il s’agit du 15e titre de sa carrière, son second en compagnie de Routliffe, après celui de New York. Les deux joueuses ont ainsi confirmé leur qualification en vue des Finales de la WTA, se hissant temporairement au sixième rang de cette course, deux rangs devant Fernandez, justement, et sa partenaire américaine Taylor Townsend.
Et impossible de conclure sans rappeler que Gabriel Diallo a remporté le deuxième titre de sa carrière sur le circuit Challenger quand il a prévalu en Slovaquie aux dépens du Belge Joris De Loore (188e), 6-0 et 7-5.
Au cours de ce tournoi, Diallo a notamment battu un champion de Grand Chelem, l’Autrichien Dominic Thiem, vainqueur des Internationaux des États-Unis de 2020.
Pour Diallo, l’ascension se poursuit.
Il se trouve maintenant au 130e rang de l’ATP, en hausse de 34 places, et il améliore de deux échelons son meilleur classement à vie (132e) atteint le 20 août dernier.
L’année n’est pas terminée pour le géant montréalais. Il lui reste notamment l’étape finale de la Coupe Davis, à Malaga, en novembre. Mais il est évident que 2023 est l’année du déclic professionnel pour lui, avec deux titres et une expérience inoubliable au tournoi à la ronde de la Coupe Davis il y a quelques semaines.
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